15 octobre 1806Altenbourg, 6h : « Et bien, voici enfin des nouvelles de Schleitz ! Depuis que la division Lasalle a été rattachée à Davout, je n’avais plus d’informations de première main. » Le maréchal semble reposé. Galvanisé par la victoire, il a passé la plus grande partie de la nuit à organiser le camp immense qu’est devenu Altenbourg et ses environs. « L’Empereur m’écrit. Lisez » Je me saisis du billet qu’il me tend et qui est daté de la veille à 17h : « Je (Napoléon) viens d’arriver en compagnie de la Garde à Schleitz, la situation est excellente. Davout a remarquablement manœuvré et a tenu la ville face à Brunswick après deux jours de féroces combats. L’ennemi est en fuite vers Auma et nous sommes lancés à sa poursuite. (…) L’ennemi est aux abois, faites-le hurler de panique. Nous pouvons espérer acculer l’ennemi entre Gera et Auma et attendre sa reddition pour le soustraire à l’anéantissement total. »
Des pas de chevaux se font entendre et Soult sort de sa tente pour saluer le général Sahuc qui part à la tête de ses 3000 dragons tester les défenses de Leipzig. Le reste du IVe corps et de la réserve de cavalerie sont mis au repos pour la journée.
Altenbourg, 9h : Ney fait son entrée dans Altenbourg à la tête de son avant-garde. Il ne s’attarde pas et prend aussitôt la route de Gera.
19h : Sahuc investit Leipzig laissée sans garnison. Il a balayé sur sa route les restes de la division Prittwitz qui tentaient de se régugier dans la ville.
Altenbourg, 22h : Réunion d’état-major avec les divisionnaires du IVe corps et de la réserve de cavalerie. Le maréchal prend la parole : « Messieurs, nous reprendrons la route dès demain à l’aube. Je sais que les hommes sont encore bien fatigués, mais il s’agit de ne pas perdre l’avantage que nous avons chèrement acquis avec notre sang. M. le maréchal Ney m’a informé qu’il n’avait pas encore atteint Gera, retardé qu’il fut par les troupes en déroute de Hohenlohe. En conséquence, il ne me paraît pas judicieux de lui emboîter le pas. Cela créerait un embouteillage énorme sur la route. Nous allons donc marcher à travers champs jusqu’au village de Zeitz qui se trouve à 20 km à l’ouest d’ici sur la route Halle / Gera. Une fois là, nous serons en mesure de marcher rapidement sur Gera ou Iéna, voire de remonter au nord si Sahuc signale une forte présence ennemie dans son secteur. L’étape sera longue et difficile, départ dès 3h du matin. »
16 octobre 1806Zeitz, 15h : Le maréchal s est avancé sur la route en compagnie de son état-major pour constater de visu la fuite de quelques traînards prussiens, dispersés par les hussards de Guyot. Le grondement caractéristique d’une canonnade résonne au loin, en direction du sud. « Ney à Gera probablement, suppute Soult. Mais qui affronte-t-il ? Les restes requinqués de Hohenlohe ou les troupes de Brunswick ? Enfin, c’est égal : Ney est de taille à tenir et dès demain nous pourrons nous porter à son secours. Les Prussiens sont dans une nasse. Du moins si l’Empereur et Davout se sont bien assurés de l’axe Weimar / Gotha via Iéna. »
Zeitz, 18h : Un message de Ney nous parvient. Le VIe corps est aux prises avec Hohenlohe à la tête de 16.000 hommes. Soult prend derechef la décision de marcher demain aux aurores sur Gera. « L’occasion est belle d’en finir avec le Prince et peut-être même avec le gros de l’armée prussienne, me glisse-t-il. Je ne voudrais pas rater ça. »
17 octobre 18067h : Notre avant-garde, composée des Ière et IIe divisions de dragons, rencontre l’ennemi à 3 km au nord de Gera. Soult a ordonné aux premiers éléments de la cavalerie de partir aux aurores afin de s’assurer du carrefour au nord de Gera qui mène vers Iéna. Il n’est pas question de laisser à l’ennemi un passage pour les renforts ou la retraite. Déjà, Klein se range sur cinq lignes, prêt à charger. Le soleil levant, réfléchi par les cuirasses des dragons, impeccablement astiquées, révèle des cavaliers au regard déterminé. Sabre au clair, ils attendent les ordres, tandis que leurs camarades de la divison Grouchy se pressent derrière eux.
9h : Une missive de l’Empereur, qui fait part de son mécontentement devant le manque de mordant de ses maréchaux, voile le visage de Soult d’un masque de contrariété. « Il nous faut reprendre l’avantage. L’ennemi est bloqué en tenaille dans Gera-Kolnitz, il est inadmissible qu’il survive longtemps à une si mauvaise situation. » écrit Napoléon. « Voilà un reproche injuste, D’Olivier, me confie le maréchal. L’Empereur est longtemps resté éloigné de notre théâtre d’opérations, ceci explique sans doute cela. Mais l’Histoire le dira : j’ai manoeuvré au mieux en respectant l’esprit de ses ordres. »
12h : Le combat s’engage. Bien que ne disposant pas de toutes ses divisions, le maréchal décide de frapper sans attendre. Il compte sur l’arrivée de Ney pour le soutenir. Au centre, face aux 6500 hommes dont 1500 cavaliers de la division Orange, il engage les 7500 hommes de Leval et les 1800 cavaliers de Klein. Grouchy et ses 1800 dragons se voient confier la mission de tenir la gauche face aux 6800 hommes dont 1500 cavaliers de Wartensleben.
13h : Sahuc s’empare de Weissenfels, le village à la croisée des routes Halle / Gera et Naumbourg / Leipzig. Les dragons saisissent de nombreux chariots de ravitaillement, abandonnés là par les hommes du ravitaillement en fuite. Sahuc découvre même une caisse de vin de Moselle et il débouche quelques bouteilles pour fêter cette heureuse prise.
14h : Des vivats résonnent dans nos rangs quand les 4500 hommes de la division Marchand du VIe corps, avec Ney lui-même à leur tête, débouchent sur le champ de bataille. Le maréchal se porte aussitôt au combat à l’aile droite, prenant le centre prussien à revers.
16h : Harcelée par Grouchy, la division Wartensleben tente de se désengager. Surpris et déséquilibrés par cette manœuvre, les hommes de la division Orange cèdent brusquement et c’est la débandade. Soult lance aussitôt sa cavalerie dans la poursuite, mais les cavaliers de Wartensleben se sacrifient pour assurer la retraite de leurs camarades. Le Prussien perd néanmoins 5500 hommes ; nos pertes s’élèvent à 2000 braves.
19h : Le maréchal est informé qu’un groupe d’officiers supérieurs prussiens souhaite obtenir une entrevue. Soult les fait conduire à sa tente et fait mander le maréchal Ney. Ensemble, Ney et Soult reçoivent, des mains d’un Wartensleben très digne, la reddition des généraux Blücher, Von Arnim, Scharnhorst, Wartensleben, Orange, Zechwitz, Taunzien et Kuhneim. Dehors, les vivats retentissent, les tambours de la victoire résonnent dans le crépuscule naissant et les cris de « Vive la France, vive l’Empire » scellent le destin de l’armée prussienne. La campagne est finie, la victoire est totale.
Plutôt maousse, le compte-rendu, je vous l’accorde. J’espère que vous aurez pris autant de plaisir à le lire que moi à l’écrire. Je tiens à préciser, avant que vous ne torturiez Arnaud pour obtenir mon adresse et ne fassiez une descente chez moi, que cela a été fort plaisant de jouer avec chacun d’entre vous et que les commentaires parfois peu amènes dans mon CR relèvent d’une pure logique de roleplay.
Enfin, un grand merci à Arnaud, pour qui cette partie a représenté beaucoup de travail.