Vol de l'Aigle - 1806
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 Soult et la campagne de 1806 - 1ère partie

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Soult




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Date d'inscription : 06/07/2006

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MessageSujet: Soult et la campagne de 1806 - 1ère partie   Soult et la campagne de 1806 - 1ère partie EmptyMar 19 Juin - 20:15

Soult et la campagne de 1806
Par Serge D’Olivier


Introduction
Les mémoires de Serge D’Olivier, cavalier émérite qui participe à la quasi totalité des campagnes de l’Empire, constituent un témoignage précieux pour l’historien et un plaisir littéraire pour l’amateur de la période napoléonienne, grâce au style alerte de l’auteur et aux nombreuses anecdotes qu’elles contiennent.
Lors de la fameuse campagne de 1806, où l’armée impériale s’illustra de belle manière en mettant en déroute des forces prussiennes clairement inférieures tant du point de vue de l’organisation que du commandement, Serge D’Olivier était rattaché à l’état-major du maréchal Soult, l’un des principaux artisans de la victoire. Son récit, parfois sans pitié pour les grands de l’époque, éclaire de la belle lumière de la véracité les dessous de cette campagne. Nous vous en livrons ici les principaux extraits.

Début octobre 1806 : la préparation
« Ah, D’Olivier, mon ami, savez-vous que l’Empereur a totalement rejeté mon plan ? » C’est ainsi que m’apostrophe le maréchal Soult, tout juste revenu d’une longue réunion d’état-major qui se tenait à Bamberg, en compagnie de l’Empereur et des maréchaux Ney, Lannes, Davout, Bernadotte, Murat et Augereau. « Le plan de l’Empereur est de pénétrer en Saxe par l’axe Hof / Plauen / Zwickau / Altenbourg, puis de se rabattre vers l’ouest et d’écraser les Prussiens comme par un coup de marteau, Prussiens qui pendant ce temps seraient fixés par une force montant au centre et qui jouerait le rôle d’enclume. Un simple corps tiendrait notre aile gauche, destiné essentiellement à donner le change à l’ennemi. C’est un plan audacieux, mais qui repose sur une certaine forme d’incompétence supposée des Prussiens. En effet, si ceux-ci marchent vigoureusement et cherchent à nous bloquer au sortir de la forêt de Thuringe, cela pourrait se montrer fort ennuyeux pour nous. » Soult se rapproche de la grande carte de Saxe épinglée à la table et me fait signe : « Là, là, là et là : tels sont nos débouchés du massif. » Je connais ces routes pour avoir étudié la carte : l’axe est passe par Hof, les deux axes centraux par Lobenstein et Saalfeld, l’axe ouest, plus excentré, par Ohrdruf.

« Nous en avons déjà discuté D’Olivier : si j’étais Brunswick, je chercherais à bloquer notre progression dans le triangle Hof / Plauen / Schleitz. Tenir Hof et surtout Schleitz me semble vital. J’ai donc suggéré une marche du gros de l’armée sur ces axes-là, moi tenant l’aile droite et Murat et Lannes à gauche avec pour rôle de tourner les Prussiens en s’installant sur la route Gotha / Iéna. Davout a semblé partager mon inquiétude d’un blocage à la sortie du massif, mais cela n’a pas suffi à faire douter l’Empereur. Enfin, je ne me plains pas : Napoléon compte sur moi pour faire le marteau et à cet effet il a placé Murat et la réserve de cavalerie sous mon commandement. Avec une telle force je me sens de taille à conquérir toute l’Allemagne ! » Soult lâche l’un de ses brusques sourires, un sourire un peu absent, perdu qu’il semble tout à coup en lui-même. « Allons D’Olivier, nous avons du pain sur la planche, il s’agit de ne pas décevoir l’ennemi ! »

10 octobre 1806
17h : Le jeune hussard, un homme de Guyot qui chevauche à l’avant-garde avec sa division, descend prestement de cheval et me remet une missive de son général. Je la lis à haute voix : Guyot est à Hof où les Prussiens ont fait sauter le pont sur la Saale avant de se retirer en direction de Schleitz. La nouvelle arrache une exclamation de joie à Soult : « A la bonne heure ! L’ennemi se retire devant nous, il semble donc que l’Empereur avait vu juste et que Brunswick ne livrera pas combat aux débouchés du massif. Enfin, ne nous réjouissons pas trop tôt et marchons plutôt. »

23h : Le petit village de Hof est désert. Les villageois se sont évanouis dans les bois, les Prussiens aussi semble-t-il. Les retardataires de la division Leval arrivent par petites grappes d’hommes, surgissant brusquement de l’obscurité pour se présenter aux postes à l’entrée du village. Un lieutenant de hussard entre dans la tente où le maréchal règle les derniers problèmes d’intendance avec ses divisionnaires. Sa patrouille revient à l’instant de Plauen qui est vide d’ennemis. Soult s’en réjouit : « Le recul prussien semble se confirmer, nous allons donc pouvoir utiliser l’une des armes principales du fantassin français : ses jambes. Avant même de comprendre ce qui se passe, Brunswick nous verra déjà installés à Leipzig ! » Le maréchal abandonne ses soucis d’intendance et se tourne vers la carte de Saxe : « Messieurs, voici mes ordres : nous marchons ! Demain je veux être à Plauen. Et après-demain à Zwickau ! »

11 octobre 1806
16h : Soult attend que l’aide de camp de Ney se retire avant de glisser un « encore heureux » un rien sardonique. Le maréchal Ney vient de lui annoncer, dans un message d’une briéveté typique du rude soldat qu’il est, qu’il nous suivait.
Nous sommes à Plauen, aussi désert que Hof la veille. Hof où bivouaquent d’ailleurs les cavaliers de Murat qui ont en partie refait leur retard sur le IVe corps. D’après les patrouilles de reconnaissance, la route vers Zwickau est vide d’ennemis. Le maréchal jubile : il respecte son plan de marche au kilomètre près. Il consacre une bonne partie de son temps à gérer l’intendance. Il vient d’écrire à l’arrière pour demander qu’on lui envoie des fourgons de godillots et de semelles. « Voilà l’arme secrète qui va terrasser le Prussien » me confie-t-il avec l’un de ses brusques sourires.

12 octobre 1806
13h : Le maréchal ne décolère pas. Il a ordonné la veille à Lasalle de monter vers Schleitz. Anxieux de repérer l’ennemi et inquiet de ne pas avoir de nouvelles de Bernadotte et Davout, même par l’intermédiaire de l’Empereur, il a confié au bouillant général de cavalerie la mission de trouver l’ennemi et de s’assurer de ce qui se passe sur l’axe Schleitz / Gera. Les nouvelles transmises par Lasalle ont fait sortir Soult de ses gonds : Schleitz est désert et la divison Dupont du Ier corps stationne depuis deux jours à Saalbourg, l’arme au pied. Le maréchal fulmine : « Mais qu’attend donc Bernadotte ? Le déluge ? A-t-il seulement compris que nous étions en guerre ? Que Schleitz constitue un objectif stratégique majeur ? »

23h : Zwickau a été investi sans coup férir et Murat se trouve à mi-chemin de cette ville et de Plauen. Si Soult est satisfait de la progression des troupes sous son commandement, la situation à Schleitz l’inquiète. Il est persuadé que l’ennemi a reculé pour mieux se concentrer. Mais où ? Lasalle l’a informé de la présence de traînards sur la route Schleitz / Auma. C’est dans cette direction que le bouillant hussard doit cheminer demain. « Voyez-vous D’Olivier, me confie Soult, si nous parvenons à Altenbourg et que l’ennemi s’est concentré à Gera, nous serons bien isolés pour l’affronter si par ailleurs nous ne contrôlons même pas Schleitz. Le danger pour nous vient paradoxalement de notre progression trop rapide par rapport à celle du reste de l’armée. C’est l’un des risques inhérents au plan de l’Empereur : nous progressons sur un axe isolé des autres. J’ai reçu une lettre de Napoléon à ce sujet d’ailleurs : je lui ai forcé la main à Schleitz en y envoyant Lasalle et il en est inquiet. Nous verrons bien. Bernadotte et Davout ne sont pas loin, le moment est venu de provoquer l’ennemi. Les ordres pour demain sont clairs : en route pour Altenbourg ! Je sens l’odeur de la poudre, D’Olivier… »
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