Hohenlohe
Nombre de messages : 293 Date d'inscription : 19/09/2006
| Sujet: Message Ohenlohe pour Duc de Brunswick 13 oct 1806 19h00 Mar 12 Déc - 21:26 | |
| Bonsoir, Pardon de ne pas avoir respecté l'horaire que je t'avais indiqué mais ce courrier est d'importance, donc demandait réflexion, et je me suis un peu "laché" sur le CR de la bataille (mais c'est loin d'être du Victor Hugo !). Suivrons dans un autre message deux ou trois questions (pardon ) avant que je ne te balance mes ordres. Eric alias FLPHI ---------------------------------------------------------------------------------------- Expéditeur : Prince Honenlohe-Ingelfingen (actuellement avec son état-major à Altenbourg)Destinataire : Duc de BrunswickDate et heure : le 13 octobre 1806, 19 h 00Lieu de départ : AltenbourgLieu d'arrivée : GQG Brunswick, à Mittel ou avec la Div du Prince d'OrangeMessire Duc de Brunswick,
Au moment où j’écris ces lignes, le jour vient de tomber sur le sud de Altenbourg qui fut, aujourd’hui, le lieu d’un important combat avec l’ennemi.
Comme je vous le signalais dans mon précédent courrier, à 13h la 1ère Division Grawert vit s’avancer devant elle les deux milles cavaliers de Guyot ainsi que les huit milles hommes de Saint Hilaire. Apparemment, Soult voulait s’emparer du deuxième pont sur la route de Zwickau pour passer sur l’autre rive. Les troupes de la 1ère Division ayant leur effectif réduit du quart suite aux longues marches des jours précédents, je jugeai opportun de les faire immédiatement soutenir par la réserve d’artillerie. Les deux tiers restants de Flanc Tauzien, pour leur part, se tenaient un peu plus à l’Est.
Le combat commença mollement et Grawert réussit à repousser l’ennemi. C’est alors qu’à 15h Soult décida de lancer les huit milles hommes de Legrand sur les positions de Flanc Tauzien. Jugeant la situation délicate, je décidai immédiatement de renforcer mon aile gauche par la 3ème division Prittwitz, certes réduite d’un homme sur quatre. Si cela me permettait de repousser Legrand sans trop de difficultés, la situation restait délicate au centre où, malgré un déluge de feu de notre artillerie de réserve, Saint Hilaire et Guyot lançaient attaques sur attaques.
A 17h, Soult engagea les huit milles hommes de Leval sur notre aille droite tout en continuant sa poussée à l’Est et surtout au centre. Craignant de voir cet endroit vital passer à l’ennemi, je décidai, d’une part, de lui répondre par la Division Kuhneim pour soutenir directement Grawert et d’autre part, d’envoyer la moitié restante de la 2nde Division Zeckwitz faire face à Leval. Le combat fut âpre deux heures encore avant que l’arrivée de la nuit n’amène l’ennemi à se retirer sans avoir pu traverser la rivière même au prix d’assauts puissants et incessants.
Trois milles braves soldats, sur trente milles, ont ainsi, aujourd’hui, versé leur sang pour la plus grande gloire de la Prusse et de son Roi, mettant à terre deux milles des vingt milles français qui ont vainement tenté de leur arracher Altenbourg.
Ainsi, nous tenons encore Altenbourg mais la situation est source d’inquiétudes.
D’une part, les troupes que j’ai sous commandement, ont, comme je vous l’ai déjà indiqué, des effectifs passablement entamés du fait des nombreuses et longues marches des jours précédents. D’autre part, j’ai pu observer, à la lueur du jour finissant, l’arrivée en provenance de Zwickau d’une colonne de cavalerie ennemie supplémentaire. Cela ne fait pas de doute, le IVème Corps français va être renforcé mais jusqu’à quel point ? Dois-je m’attendre à devoir faire face, demain, à deux Corps, au lieu d’un ? De plus, il m’est revenu en mémoire un des premiers rapports que j’avais reçu pendant la journée du 10 des patrouilles de l’avant-garde du Prince Louis-Ferdinand qui avait été chargée d’éclairer l’axe Hof/Bayreuth. Une patrouille avait signalé qu’un carrefour était tenu par, je cite, « Une forte troupe avec beaucoup de canons et de la cavalerie. Les hommes semblaient aguerris et disciplinés. Etrangement ils se tenaient sur le bas côté en laissant la route libre. » Ce rapport m’obsède depuis : « beaucoup de canons », « de la cavalerie », « aguerris », « disciplinés » ne sont-ce pas là des caractéristiques qui correspondraient bien à la Garde française ? Si effectivement c’est le cas, les troupes d’élite du Corse sont passées par Hof et ont, soit remonté sur Schleitz et vous avez dû les combattre (ou vous allez les combattre), soit suivi Soult et, dans ce cas, je risque de les voir déboucher devant Altenbourg.
Dans un cas comme dans l’autre je vais me retrouver en grande difficulté. Toutefois, compte tenu du carrefour stratégique que constitue Altenbourg et, étant donnée votre position actuelle, je maintiens qu’il faut défendre à tout prix cette ville. Donc, sauf si le courrier que vous êtes actuellement, certainement, en train de rédiger et qui, donc, ne me parviendra que dans la nuit, ne m’indique un ordre contraire, je vous informe par la présente que je défendrai demain, à l’extrême limite de mes forces, Altenbourg. Si, par malheur, j’étais amené à céder sous la pression ennemie, je me replierais sur Liepzig afin de contrôler cette ville et la route vers les ponts de l’Elbe donc vers Berlin. Prions Dieu que cela n’arrive pas car, alors, nous serions coupés l’un de l’autre.
Pour terminer, il me reste à aborder le cas de l’avant-garde du Prince Louis-Ferdinand actuellement en repos dans les faubourgs Sud de Gera. Je vous informe que, bien qu’elle n’aura pas totalement récupéré ses traînards, j’ai l’intension de lui faire faire mouvement vers Altenbourg, demain, dès l’aube, afin qu’elle prenne le contrôle du dernier pont avant cette ville ou qu’elle menace le flanc gauche de l’ennemi.
L'avenir et, surtout, l'Honneur de la Prusse et de son Roi se jouent actuellement; sachons être à la hauteur.
Vive la Prusse et son Roi
FL Prince de Hohenlohe-Ingelfingen | |
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