De : Soult, devant Altenbourg, le 14/10 à 11h
Pour : Ney et Napoléon, route Altenbourg / Hof
Sire,
M. le Maréchal,
Je suis devant Altenbourg où j'affronte depuis ce matin le corps d'armée de Hohenlohe. La bataille se déroule extrêmement bien. Il faut dire que Hohenlohe, qui est un bien piètre manoeuvrier, m'aide bien. La division Leval, superbement soutenue par les dragons de Beaumont et les cuirassiers d'Hautpoul, a balayé le flanc gauche de l'ennemi. La divison Prittwitz est en déroute et la réserve d'artillerie prussienne est détruite. Je vais à présent déployer ces troupes au centre où Hohenlohe a concentré l'essentiel de ses forces. Le Prussien sera irrémédiablement battu avant le coucher du soleil.
M. le Maréchal, permettez-moi de vous faire la suggestion suivante : plutôt que de venir me soutenir, ce qui est inutile, contournez, lorsque vous arrivez à la dernière rivière avant Altenbourg, contournez donc la ville par l'ouest afin de vous positionner sur les routes Altenbourg / Gera et Altenbourg / Leipzig. En effet, la seule chose qui puisse sauver Hohenlohe de la défaite, c'est l'arrivée de renforts. En vous positionnant ainsi, M. le Maréchal, vous empêcheriez ceux-ci d'arriver ainsi que, s'il le décidait, Hohenlohe de retraiter. Pris dans une nasse, nous serions certains de détruire irrémédiablement le corps d'armée de Hohenlohe tout en étant, concentrés, prêts à faire face à d'éventuels renforts.
Sire, M. le Maréchal, je vous adresse mes respects.
Vive l'Empire !
Jean de Dieu Soult, maréchal de France